Pardon pour le format, j'ai pas trouvé mieux..
Donc ce livre c'est "
Agar Agar" de Emmanuel Adely
Citation:
Il n'y a pas d'injonction plus bête que «Aime-moi!». Ni de plus tyrannique. Il suffit que, à un moment donné, ou plutôt damné, vous ayez eu la faiblesse de dire «Je t'aime» pour que l'autre en redemande. Et quand, à cet autre, vous êtes marié, enfer assuré. A côté de l'Inferno à la Strindberg, de la géhenne jouhandélienne, de l'enfermement à la Mirbeau, et de mille autres cellules de contention conjugale, Emmanuel Adely vient d'ouvrir sa propre succursale, fort réussie, et il nous la fait visiter dans son roman Agar-Agar. Le livre se nourrit presque entièrement de jappements, miaulements et autres bruits de gueule par lesquels l'épouse rappelle à son conjoint qu'elle a «droit au bonheur, à la tendresse, au respect, à l'amour». Elle dit sur tous les tons le martyre de celles qui ne rencontrent plus qu'indifférence chez le père de leur enfant. Car enfant il y a, en l'occurrence. Un petit garçon de six ou sept ans, témoin des scènes de ménage.(...)Il va sans dire que la situation compte moins que le style. Les imprécations et les jérémiades sont comme «montées en boucle» et s'offrent mille variantes. «Fais l'effort de m'aimer» ou bien «Souris-moi» ou encore «Tu veux que je me tue c'est ça». Elle veut qu'il lui parle, qu'il l'embrasse, qu'il lui fasse l'amour, qu'il lui donne une cigarette, qu'il ressente quelque chose, qu'il gagne plus d'argent, qu'il soit plus souvent à la maison, qu'il lui fasse d'autres enfants. Et qu'il reconnaisse tout ce que sa famille, à elle, a fait pour lui. Elle veut sauver leur couple. Elle ne veut pas divorcer. Elle ne veut plus être sa femme de ménage. Quant à l'enfant, elle dit: «Il m'a désobéi, il a traîné alors on n'a rien fait, je l'ai giflé, c'est normal, toutes les mères sont pareilles.» Le tout ponctué de «Tu m'écoutes, tu m'écoutes». Cela atteint même parfois à un grandiose qui rappelle les glapissements de Mme Seignelet dans L'île atlantique de Tony Duvert. Cela gonfle et tourne en spirale avec parfois une violence de cyclone. Il ne faudra d'ailleurs pas moins d'un tremblement de terre pour que ça s'arrête.
L'action, si l'on peut dire, se situe dans un pays à la moiteur accablante et qui subissait, il n'y a pas si longtemps, une dictature militaire. On voit approcher la rupture en même temps que le séisme. Les imprécations alternent avec les secousses telluriques. On vit dans l'appréhension du prochain tremblement et du prochain affron- tement. Ceux que l'amour englue, et fait... aller, se sentiront compris dès la première page du livre puisque l'on y apprend que agar-agar est le nom malais d'une substance chimique qui forme avec l'eau une gelée à la base de colles et de laxatifs. Une chose est sûre, dès qu'on ouvre ce roman, on y reste «scotché», comme on dit aujourd'hui. Il va sans dire que bien des lecteurs trouveront cette histoire tout à fait tragique. Elle l'est assurément puisque le combat s'achève par la mort d'un des combattants et que ces jours de haine sont probablement l'issue d'une véritable histoire d'amour. Mais la férocité d'Emmanuel Adely est quand même fort réjouissante.
http://www.lire.fr/critique.asp/idC=358 ... =218&idG=3
On lit ce livre d'une traite, impossible de s'arrêter tant le rythme est effréné, compulsif, saccadé et fébrile.
On sait qu'il va se produire une catastrophe mais quand ?? et quoi ??? et .... qui ???
Ce livre m'a bouleversée car on assiste à deux personnes qui souffrent, et à cet enfant de sept ans, au milieu de ces deux êtres qui se déchirent.
Il est déstabilisant et brutal parce qu'on constate que la mère d'un enfant n'est peut-être pas ce qu'il y a de mieux pour son propre enfant. Bouleversant parce qu'une mère peut nuire et détruire la relation d'un enfant d'avec son père. Le père fou d'amour pour son fils et qui est désarmé, attachant, fragile, pris au piège.
Ce livre m'a fait pleuré, je ne vous citerais pas les passages qui m'ont chamboulée jusqu'aux larmes, le mieux est que vous le lisiez.
Ah, j'allais oublier : la particularité de ce bouquin c'est le manque de ponctuation, on a affaire à des phrases de trois voire quatre pages de long, sans point à la ligne. Mais les virgules parlent et soutiennent ce rythme. Quand on lit ce livre on est presque essouflé et apeuré comme pris dans une tornade à notre insu.