On peut vous confisquer montres et bijoux à la frontière suisse !

Montres, bijoux, liquide… Si vous passez par la Suisse, gare à vos valeurs : les douaniers peuvent désormais tout saisir, quasiment à la tête du client !

Vous allez régulièrement en Suisse ? Méfiez-vous, vous avez désormais de fortes chances d'être considéré comme un fraudeur présumé ! Pourquoi ? Du fait d'un règlement européen apparemment voté récemment dans la plus grande discrétion, mais repéré par le sniper suisse de l'horlogerie Grégory Pons. En effet, désormais, il convient de déclarer en amont de son déplacement, lutte contre la délinquance financière oblige, toute somme en liquide que vous porteriez sur vous en traversant la frontière entre l'Union européenne et la Suisse. Mais tout est question de définition… En effet, selon ce règlement (à consulter ici), les montres de luxe sont ainsi considérées désormais non plus comme des garde-temps, mais comme des « marchandises servant de réserve de valeur très liquide ». Ce texte réglementaire entend par « argent liquide » non seulement les devises et cartes prépayées, mais aussi les « marchandises qui présentent un ratio valeur/volume élevé et qui peuvent être aisément converties en espèces sur des marchés d'échange accessibles moyennant de faibles coûts de transaction ». Dit autrement, sont également concernés les montres et les bijoux, faciles à revendre légèrement en deçà de leur valeur une fois la frontière traversée. De quoi faire du mal à la patrie de la haute horlogerie Swiss made en présupposant que tout porteur d'un objet de valeur est un fraudeur présumé…

Confisqués si pas déclarés

Cette proposition remontant à 2016 vient d'être adoptée par la commission Libertés citoyennes du Parlement européen. Dorénavant, « toute personne physique entrant dans l'Union ou sortant de l'Union avec au moins 10 000 euros en argent liquide sur elle, dans ses bagages ou dans ses moyens de transport » devra déclarer « la somme aux autorités compétentes de l'État membre par lequel elle entre dans l'Union ou sort de l'Union, et met celle-ci à leur disposition à des fins de contrôle ». Les montres et bijoux n'ayant pas fait objet d'une déclaration administrative préalable pour franchir les frontières de l'Union pourront être confisqués manu militari. S'il existe des indices qu'ils sont liés à une activité criminelle, ou juste si vous avez une tête de délinquant aux yeux des douaniers, ils pourront tout retenir pendant au maximum 30 jours. Et si vous n'avez tout simplement pas respecté les obligations de déclaration en amont de votre périple en Lyra ou en jet, notamment parce que vous n'en avez jamais entendu parler, pas sûr que vous revoyiez un jour votre montre préférée…

« L'Union européenne se donne les moyens de piquer les montres suisses à la frontière, commente, outré, Grégory Pons, fondateur de Business Montres. Ce qui est parfaitement arbitraire, totalement vexatoire et précisément ciblé sur les montres suisses : quel autre pays européen pourrait être ainsi concerné par les montres ou les bijoux de luxe ? Question connexe : quel voyageur d'affaires un peu à l'aise financièrement ne circule pas avec une telle valeur totale sur lui et ne devra pas faire une déclaration ? À commencer par les cadres des marques horlogères suisses… » La lutte contre le blanchiment ou le financement du terrorisme a parfois bon dos… Moralité : la prochaine fois que vous vous rendez en Suisse, prenez garde à votre montre et évitez les bijoux !